“La prière est comme la respiration de la vie chrétienne”

Saint-Jean-Paul II

Les horaires de messe

ATTENTION CHANGEMENT (à partir du 1er avril 2024)

La messe du mardi 9h00 aura lieu à l’église de Sucé sur Erdre et non plus à l’église de Carquefou.

Il n’y aura plus de messe le mercredi 9h00 à l’église de Sucé sur Erdre

MESSES DOMINICALES

à Carquefou :

  • Samedi à 18h30
  • Dimanche à 11h

à Sucé / Erdre :

  • Dimanche à 9h45

EN SEMAINE

Carquefou : les mardis, jeudi, vendredis à 9h ainsi que les mercredis à 19h

Sucé / Erdre : le mercredi à 9h, maison paroissiale

Maison de retraite la Hautière : vendredi 10h30

Homélies

30

mars

Samedi 30 mars - Veillée Pascale

De nombreuses discussions ces dernières semaines ont été habitées par des questions et des doutes exprimés sur la foi et la situation du monde.

En écoutant ces personnes, je me retrouvais quasiment au sein du livre de l’Exode. Le peuple des Hébreux y est décrit comme ployant sous le fardeau de l’esclavage, de la violence de ses garde-chiourmes, à tel point qu’il est prêt à refuser l’espérance que veut allumer en lui Moïse de la part du Seigneur. Le découragement ronge son âme. Ce découragement se rencontre souvent aujourd’hui.

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De nombreuses discussions ces dernières semaines ont été habitées par des questions et des doutes exprimés sur la foi et la situation du monde.

En écoutant ces personnes, je me retrouvais quasiment au sein du livre de l’Exode. Le peuple des Hébreux y est décrit comme ployant sous le fardeau de l’esclavage, de la violence de ses garde-chiourmes, à tel point qu’il est prêt à refuser l’espérance que veut allumer en lui Moïse de la part du Seigneur. Le découragement ronge son âme. Ce découragement se rencontre souvent aujourd’hui. L’air ambiant que nous respirons spirituellement est pollué par un traitement de l’information obnubilée par la vitesse et le sensationnel qui doivent toujours plus nous accrocher aux réseaux. Cela ne concerne pas que les médias. Nous-mêmes succombons aux discussions sans fin sur WhatsApp, Insta ou X au détriment du calme et de la recherche de la paix. La course à la technologie, manifestée plus clairement par l’irruption violente et impressionnante de l’intelligence artificielle, s’impose à nous comme notre nouveau Pharaon, car comme on dit : « de toutes façons, on doit bien faire avec, car on ne peut pas faire autrement. »

Et quand cette course véhicule et nourrit l’hydre guerrière, alors nous pouvons nous retrouver dans la peau des Hébreux, adossés à la mer des joncs, pressés par les chars de Pharaon ; notre avenir semble être un cul-de-sac. Et alors, nous crions, nous nous plaignons que Dieu n’écoute pas nos prières, qu’Il ne répond pas à nos demandes, qu’Il ne satisfait pas nos envies.

En ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse : « Pourquoi crier vers moi ? Ordonne aux fils d’Israël de se mettre en route ! Toi, lève ton bâton, étends le bras sur la mer, fends-la en deux, et que les fils d’Israël entrent au milieu de la mer à pied sec.  »

Cette réponse divine, je la comprends aujourd’hui comme un appel. Il y a un temps pour crier, mais celui-ci est passé. Il faut maintenant se mettre en route à la suite du pasteur qu’est Moïse. Un acte de foi lui est demandé, pour que le Salut advienne. Le geste qu’il doit faire est d’abord anodin : lever son bâton, étendre le bras sur la mer, mais ensuite un ordre lui est donné, impossible naturellement à réaliser. La foi commence toujours par des actes simples : se lever, aller à l’église, commencer à prier, sourire à une personne, rendre un service, partager, mais à un moment Dieu commande quelque chose d’impossible, et Il le fait comme si c’était naturel ! La conversion se réalise dans le fait de fendre la mer, de marcher à pied sec au milieu d’elle.
La mer, nous le savons bien, représente la mort dans la pensée biblique. Pas seulement la mort biologique mais aussi la mort de la vie intérieure. Cette mort si bien esquissée par le prophète Isaïe :
Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?

Combien actuelle est cette question ! Il n’y a jamais eu autant d’argent sur terre, la croissance des dépenses ne cesse de croître, le coût des publicités qui n’ont pour seule ambition que de nous pousser à consommer est toujours en hausse et pourtant, le découragement, la lassitude, la peur, la rancœur, la déception et le vide se lisent sur tant de visages.
Ce soir, à la lumière des cierges, nous sommes invités à rayonner, ou plutôt à refléter, comme la lune, la lumière de Quelqu’un d’autre, la joie d’un Dieu fait homme qui veut nous nourrir, nous rassasier. C’est pour cela qu’Il se donne en nourriture dans Sa parole et Son Pain de Vie. Cette nourriture rassasie notre foi, notre espérance, notre charité. Elle est un pain dont la farine a été broyée par la pierre du tombeau. En roulant lors de la résurrection, celle-ci a fait œuvre de meule et a métamorphosé le grain du crucifié en farine de vie éternelle.

« Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? »
La question des femmes est toujours d’actualité. Il ne s’agit plus tant pour nous de nous demander qui nous roulera la pierre du tombeau de Jésus mort, car il n’y en a plus et que les siècles ont accumulé au-dessus de la pierre tombale différents monuments en l’honneur du Christ. Pour nous, il s’agit de l’entrée du tombeau du ressuscité. Qui va nous dégager cette pierre qui aujourd’hui obstrue notre foi, nous fait douter de la résurrection de Jésus ?
Ce qui est difficile à accueillir avec la résurrection de Jésus, c’est qu’un événement radicalement nouveau, essentiellement autre, est intervenu dans l’Histoire qui a, malgré cet événement, continué son cours et un cours qui nous paraît normal. Pourtant, il faut bien l’avouer, nous ne pouvons savoir ce que la présence toujours actuelle de Jésus vivant au milieu de nous change si l’on se penche sur la face externe de l’Histoire. Bien sûr, il est possible de prendre en compte la trace de l’Église et d’identifier tout ce qu’elle a apporté au monde, l’égalité hommes-femmes, par exemple malgré des déviations variées au fil du temps et des lieux ; tout ce qu’elle a fécondé, comme la séparation entre les pouvoirs temporel et spirituel.
Il est encore plus marquant de constater l’impact des saints et des saintes sur la vie de millions d’hommes et de femmes qui les ont choisis comme modèle ou point de référence de leur vie. Mais tout cela peut être et est combattu par les adversaires de la foi qui, se focalisant sur l’abîme du Mal continuellement à l’œuvre nous font douter du Salut déjà donné par la Résurrection.
A cela, votre baptême apporte une réponse qui porte une pierre de construction. Il signifie que le Christ est toujours vivant, qu’Il parle toujours à nos contemporains et que les vieux baptisés ont un trésor en eux que leurs routines ou leurs péchés ne doivent pas ternir. Votre baptême signifie que, dans une histoire personnelle, la résurrection de Jésus de Nazareth le crucifié change beaucoup de choses ! Et si j’ouvre mon histoire personnelle aux autres, alors l’Évangile de la paix diffusera et infusera le monde.

04

février

17

décembre

Messe du 3ème dimanche de l’Avent 2023

Au cœur de la foi chrétienne, se trouve la réalité du Salut. L’histoire humaine visitée par la miséricorde divine peut être éclairée et apparaître ainsi comme l’Histoire du Salut où Dieu révèle Sa volonté de sauver tous les hommes de l’esclavage du péché (Ga 5, 1) et ultimement de l’esclavage de la peur de la mort (Heb 2, 15), dernière ennemie qui sera vaincue à la fin des temps 1Co 15, 26).

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 Au cœur de la foi chrétienne, se trouve la réalité du Salut. L’histoire humaine visitée par la miséricorde divine peut être éclairée et apparaître ainsi comme l’Histoire du Salut où Dieu révèle Sa volonté de sauver tous les hommes de l’esclavage du péché (Ga 5, 1) et ultimement de l’esclavage de la peur de la mort (Heb 2, 15), dernière ennemie qui sera vaincue à la fin des temps 1Co 15, 26).

Ce Salut se présente comme un avenir que Dieu ouvre aux hommes. Toute notre vie est en relation avec Dieu qui en est la source et la fin. L’image d’un fleuve qui s’étend de sa source à son estuaire où il se jette dans l’océan peut nous éclairer. Ce fleuve est celui de l’amour de Dieu qui s’écoule. Le péché est ce qui freine, fait obstacle ou arrête cet écoulement d’amour ; il amoindrit ou fait disparaître cette qualité de Vie que le Christ veut nous communiquer : Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance (Jn 10, 10).

Cette qualité de Vie se manifeste étonnamment dans la manière qu’a Jésus d’aller à la rencontre des pécheurs et dans Sa joie quand ceux-ci se convertissent. Le regard qu’Il pose sur eux leur rappelle qu’ils ont du prix aux yeux du Seigneur (Is 43, 1). Ce regard et Son attitude font souvent naître une grande joie chez ceux qui accueillent la Bonne Nouvelle du Salut comme Zachée (Lc 19).

Ceux-ci vivent alors une expérience qui peut se présenter comme une ascension par quatre voies différentes : la conversion, la pénitence, le pardon et la réconciliation.

Cette ascension (au double sens du mot), l’Église en est la servante, Elle qui est tout à la fois sainte et appelée à se purifier. Elle doit poursuivre, dit le rituel, constamment son effort de pénitence et de renouvellement. C’est ainsi qu’elle témoigne de la sainteté de Dieu à l’œuvre dans le cœur du monde. Dès lors, l’appel à la conversion du Christ qu’elle répercute n’est pas seulement valable pour les hommes de ce monde marqué par l’injustice, mais aussi pour elle-même.

Le péché est une offense à Dieu, qui brise l’amitié avec lui ; la pénitence « vise finalement à ce que nous aimions Dieu et mettions absolument notre confiance en lui » (Paul VI). La solidarité qui unit les hommes entre eux le fait tant au niveau du péché que du celui de la réconciliation. Le péché des uns blesse les autres, la sainteté des uns profite aux autres. La réconciliation obtenue produit des fruits de justice et de paix avec nos frères et sœurs et aussi avec nous-mêmes.

Sacrement de la conversion, de la pénitence, du pardon et de la réconciliation. Les quatre termes sont importants à coordonner ensemble au risque de réduire ou dévier la réalité riche de ce sacrement. Richesse qui vient de la miséricorde de Dieu qui se manifeste par la victoire de la grâce sur le péché : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5, 15).

Cette richesse se dévoile tout d’abord dans le fait important que le pardon de Dieu ne se limite pas à la dimension sacramentelle. L’Église l’exprime par sa vie et le célèbre dans sa liturgie. Est-il besoin de rappeler la place de la prière et des œuvres pour demander et obtenir le pardon ?

Les appels de l’Évangile à la pénitence et au pardon sont multiples et variés :

  • Les psaumes de pénitence et les multiples prières de confession des péchés qui parcourent la Bible, spécialement dans les livres tardifs de l’Ancien Testament sont là pour nous le rappeler. Sans doute, nous, pasteurs, pourrions-nous mieux faire connaître ces prières qui font passer de l’amertume amère à la paix (Is 38, 17). Elles sont signe de l’espérance en l’avenir que Dieu nous ouvre, par-delà nos ruptures et nos affrontements.
  • L’aumône Tb 12.09 L’aumône délivre de la mort et purifie de tout péché. Ceux qui font l’aumône seront rassasiés de vie. Le jubilé de la miséricorde nous a rappelé que les œuvres de miséricorde (entraide, partage, tout effort pour sortir de son égoïsme) contribuent au pardon des péchés.
  • Le pardon mutuel donné quotidiennement (77 fois sept fois, soit casser le cycle de la violence infernale inaugurée par Lamek (Gn 4, 23-24).
  • Le refus de l’injustice et de la lutte pour une plus grande justice dans nos rapports interpersonnels et sociaux.
  • L’engagement apostolique qui suppose l’esprit de service et de don de soi.

Ces chemins personnels sont aussi ceux de l’Église sur son chemin de sanctification et de justification. C’est l’église, comme corps, qui est provoqué à changer de visage et de comportement, dans un certain nombre de situations où sont en cause les comportements collectifs des chrétiens. L’Église en effet n’échappe pas à la lourdeur qui marque les réactions des groupes sociaux humains : réaction de repli sur soi, réaction d’exclusion des faibles et des marginaux. Or l’appel de l’évangile est contredit chaque fois que l’on se ferme aux pauvres, aux délaissés.

Ensuite, d’un point de vue sacramentel, quatre sacrements donnent le pardon du Seigneur. Le baptême, évidemment, bain de la nouvelle naissance dans lequel l’homme ancien est crucifié avec le Christ pour que soit détruit ce corps de péché et que nous ne soyons plus au service du péché mais que, ressuscitant avec le Christ, nous vivions désormais pour Dieu (Rm 6, 4-10). Toute la prédication apostolique initiale est orientée vers cette finalité : obtenir le pardon des péchés en étant baptisé au nom de Jésus-Christ, manifestation de notre désir de conversion et de pénitence (Ac 2, 38 ; 3, 19. 26 ; 17, 30). Il y a aussi le sacrement des malades et, surtout, le sacrement de l’eucharistie qui est le « sacrifice qui nous réconcilie » (P. E III) pour que nous « soyons rassemblés en un seul corps par Son Esprit-Saint (P. E II). »

Il y a surtout le sacrement de pénitence par lequel nous recevons de la miséricorde de Dieu le pardon des offenses qui lui ont été faites ; nous vivons également la réconciliation avec l’Église que notre péché a blessée et qui coopère à notre conversion par la charité, l’exemple et la prière.

Sacrement du pardon, confession, sacrement de la réconciliation… nous connaissons bien toutes ces appellations. Le rituel de ce sacrement nous rappelle qu’aucun des noms qui lui est donné ne peut à lui seul le qualifier de façon adéquate.

Si je parle seulement de sacrement de la conversion j’exprime avant tout le changement radical d’orientation de toute la vie que le pénitent est invité à engager.

Si je parle de pénitence, je fais référence à l’ensemble des actes de l’homme par lesquels ce changement d’orientation s’opère et fructifie tout au long de la vie.

Si j’emploie le mot sacrement du pardon je renvoie à l’initiative de Dieu qui fait miséricorde.

Réconciliation lui désigne surtout le but, et le résultat de tout le processus : l’amitié renouée entre Dieu et l’homme.

Parler de confession ou de pénitence risque de centrer l’attention uniquement sur les efforts de l’homme et sur leurs côtés rébarbatifs. Si au contraire je parle seulement de pardon cela risque de conduire à ne voir que le don de Dieu en omettant ce qui relève de la démarche de l’homme. Enfin parler de réconciliation seulement, c’est affirmer trop vite comme une chose acquise ce qui ne se réalise qu’au terme du processus. Pour être réconcilié, il ne suffit pas que Dieu veuille pardonner le pécheur ; il ne suffit pas que le pêcheur regrette ce qu’il a fait ; il faut que pardon et repentir se rejoignent. La crise des abus sexuels et la blessure des victimes appelées parfois trop vite à pardonner nous a remis devant cette vérité et ce chemin. C’est tout l’intérêt d’une lecture canonique de l’Écriture.

19

novembre

Messe du dimanche 19/11/2023

Un homme part en voyage et donne à ses serviteurs une gérance…
Celles des talents, des dons qui embellissent nos existences.
Mais son départ fait naître en eux un sentiment d’absence.
Avec Dieu qui habite le silence quelle ressemblance !

 

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Un homme part en voyage et donne à ses serviteurs une gérance…
Celles des talents, des dons qui embellissent nos existences.
Mais son départ fait naître en eux un sentiment d’absence.
Avec Dieu qui habite le silence quelle ressemblance !

Pourtant à ceux qui restent, aux serviteurs ou à nous-mêmes, un don est fait : celui de la confiance.
Je te donne des dons, des talents. Un, deux ou cinq ; quelle importance ?
Ce qui importe c’est de les faire croître en abondance.

Toi qui m’écoutes sois sûr qu’il n’y a pas de coïncidence !
Si tu es là, c’est par un coup de la providence !
Le soir, le matin ou même la nuit une question t’est posée avec insistance :
Ton ou tes talents, saurais-tu en faire la connaissance ?
Pas d’orgueil à les repérer, à les compter mais bien plutôt une démarche de reconnaissance…

Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? (1Co 4, 7) Saint Paul nous remet devant cette évidence.
Si tu crois que c’est toi qui te les as donnés, quelle impudence !
Non, ils te les sont donnés pour que tu les partages sans fausse prudence, pour qu’ils fructifient en abondance…

Mais si ton regard, ton cœur se laissent habiter par la défiance
Si l’envie, la jalousie viennent en toi faire leur résidence,
Pauvre de toi ! Tu seras jugé par une terrible instance,
Notre plus grand ennemi : la méfiance.

11

novembre

Messe du dimanche 11/11/23

Pour changer tout ça
Changer le monde
Changer les choses
Avec des bouquets de roses
Changer les femmes
Changer les hommes
Avec des géraniums

Vous avez reconnu sans doute les paroles d’une chanson de Laurent VOULZY des années 1990.

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Je m’souviens, on avait
Des projets pour la Terre
Pour les Hommes comme la Nature
Faire tomber les barrières, les murs
Les vieux parapets d’Arthur

Fallait voir
Imagine notre espoir
On laissait nos cœurs
Au pouvoir des cœurs
Jasmin, Lilas
C’était nos divisions, nos soldats

Pour changer tout ça
Changer le monde
Changer les choses
Avec des bouquets de roses
Changer les femmes
Changer les hommes
Avec des géraniums

Vous avez reconnu sans doute les paroles d’une chanson de Laurent VOULZY des années 1990. Avec une touchante naïveté, aux yeux de notre époque, il évoquait le pouvoir mystérieux des fleurs. Eh bien, je voudrais vous inviter à contempler le bouquet devant l’autel.

En haut, des fleurs sombres qui constituent l’horizon et l’arrière-fond de la toile du bouquet en quelque sorte. Image du chaos, des ténèbres qui nous entourent de plus en plus.
En bas, un parterre de fleurs rouges qui symbolise le sang versé par toutes les victimes des guerres d’hier et d’aujourd’hui…
Au cœur et par-dessus, des fleurs blanches, symbole de paix et d’espérance, la pureté des vies données jour après jour…

Pour redécouvrir et approfondir ce pouvoir des fleurs aujourd’hui, j’ai fait un petit exercice que je vous propose. Comme les peintres de l’école clair-obscur, nous pouvons méditer ensemble sur la clarté se superposant à l’obscurité de la toile peinte en noir comme ces fleurs blanches passant devant celles qui sont sombres.
Ainsi, les béatitudes du Christ entendues dans l’Evangile se superposeraient à d’autres trop humaines qui peuvent malheureusement résonner familièrement à nos oreilles.

Cela donnerait par exemple :

Heureux les riches et les satisfaits, ceux qui se suffisent à eux-mêmes, qui sont repus, car le Royaume des hommes, le pouvoir, l’argent et la gloire leur sont acquis.
Mais Jésus dit : Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux ceux qui rigolent sans cesse, qui se gavent de moqueries et qui refusent d’être touchés par le manque et le chagrin, ils ne dépendront de personne.
Mais Jésus dit : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

Heureux les durs, les violents, car ils conquerront la terre, ils dépouilleront les autres de leur patrimoine.
Mais Jésus dit : Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux ceux qui n’ouvriront pas les yeux sur l’injustice, ils ne seront pas dérangés dans leur confort, ils ne risqueront pas les blessures du combat pour la justice.
Mais Jésus dit : Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les rancuniers, ceux qui entretiennent un esprit de vengeance et qui refusent le pardon, car personne ne pardonne y compris Dieu lui-même.
Mais Jésus dit : Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux ceux qui ont un cœur partagé et souillé par le vice et la convoitise, car ils déshabilleront du regard ceux qu’ils rencontrent et il se laisseront menés par leurs fantasmes.
Mais Jésus dit : Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux ceux qui participent à construire ou entretenir des logiques de conflit et de guerre, car ils seront vraiment humains. En effet, la guerre est le moteur de l’Histoire.
Mais Jésus dit : Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui hurlent avec les loups, qui refusent les droits de la défense, qui veulent punir le coupable sans le guérir, qui croient qu’avoir raison équivaut à chercher la vérité et la justice ; car alors, vous imposerez vos vues et vos opinions à tous.
Mais Jésus dit : Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si vous cachez votre identité de chrétien, si vous avez honte de votre baptême, de votre prière, de votre foi !
Heureux êtes-vous si vous n’avez pas le cuir épais pour endiguer les rumeurs et les conversations par derrière qui sont la marque des forts et des courageux.
Réjouissez-vous car la lâcheté et la traîtrise domineront alors sur la terre.
Mais Jésus dit : Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Pour vaincre ces béatitudes des ténèbres, il nous faut simplement et fidèlement regarder, scruter, contempler le visage du Christ.
Alors, comme les saints, nous goûterons la joie un jour d’être accueillis dans la lumière de Ton visage, ô Père Saint.

05

novembre

Messe du dimanche 05/11/23

Chers amis frères et sœurs, aimez-vous vous faire engueuler ?
Et aimez-vous avoir l’impression de vous faire engueuler à l’église ?
C’est quelque chose qui arrive parfois notamment après une homélie jugée moralisante. Je suppose votre réponse négative. La mienne est identique.

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Chers amis frères et sœurs, aimez-vous vous faire engueuler ?
Et aimez-vous avoir l’impression de vous faire engueuler à l’église ?
C’est quelque chose qui arrive parfois notamment après une homélie jugée moralisante. Je suppose votre réponse négative. La mienne est identique.

Aussi n’est-il pas facile pour le prêtre que je suis de commenter ces passages des Saintes Ecritures par lesquels Dieu nous parle aujourd’hui. En effet, après que la première lecture et l’évangile ont confirmé l’autorité de l’enseignement des prêtres, des pharisiens et des scribes, le prophète Malachie et l’évangile sont rudes. Qu’est-ce qu’on prend !
Ainsi, Malachie que je cite : si vous n’écoutez pas, si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon nom, j’enverrai sur vous la malédiction, je maudirai les bénédictions que vous prononcerez…
Et dans l’évangile, Jésus critique ouvertement les travers des scribes et des pharisiens. Quand on a reçu la charge d’enseigner la parole de Dieu par l’ordination, ces paroles sont un puissant appel à l’humilité. Car elles mettent à nu toutes nos faiblesses et imperfection que vous connaissez…

Aussi, pour votre patience et votre miséricorde envers les limites, les erreurs, les pauvretés et même les péchés de vos pasteurs, je souhaiterais sincèrement vous remercier. Je désire également demander votre aide. Sans votre soutien, qui peut passer par la collection fraternelle, même virile (virile mais toujours mais correcte !), nous ne pouvons pas avancer sur le chemin de la sainteté.

Dans l’épître aux Hébreux (12, 7-13), nous trouvons un passage éclairant pour les lectures de ce jour : quand on vient de recevoir une leçon on éprouve pas de la joie mais plutôt de la tristesse. Mais, plus tard, quand on s’est repris grâce à la leçon, celle-ci produit un fruit de paix et de justice. Eh bien que la leçon reçue aujourd’hui soit fructueuse pour moi et mes confrères !

Mais quelle est cette leçon ?
Dieu nous adresse des reproches :

  1. Le premier, c’est la tiédeur de notre foi : si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon mot.
  2. Le deuxième, c’est l’infidélité à notre mission quand nous transformons la loi de pédagogue en occasion de chute. La loi est en effet pédagogue, c’est-à-dire un chemin de croissance balisé par des interdits comme des bornes marquant les dangers des crevasses ou des garde-fous. L’inter-dit c’est ce qui est dit entre nous. L’interdit -souvent exprimé par la négation- suscite en fait davantage de liberté que l’affirmation. En effet, quand je dis : « ne va pas à droite », cela me laisse libre d’aller à gauche, devant, derrière, au-dessus ou au-dessous. Alors que lorsque je dis : « va à droite », je n’ai qu’un seul choix. La loi est donc un pédagogue qui me fait avancer sur le chemin en me faisant éviter les dangers. Mais, parfois, nous la trahissons en la transformant en occasion de chutes par le découragement. « C’est trop haut, trop dur, trop exigeant… » Dans l’évangile, « occasion de chute » exprime le mot scandale qui -littéralement- peut être traduit par « trébucher sur une pierre. »
    Si je file la métaphore de la pierre, je peux voir la loi divine être malheureusement assimilée à un énorme rocher lourd, pesant sur nos épaules et nous grevant d’un poids de culpabilité. Ou alors à des pierres que l’on jette à la tête du prochain pour le lapider moralement…
    Or, la pierre qui est la parole de Dieu, qui est la loi divine, n’est rien de tout cela. Elle est plutôt une dalle solide sur laquelle nous pouvons nous appuyer et avancer.
  3. Le troisième reproche, c’est l’application partiale de la loi avec des décisions motivées par des préférences humaines…
  4. Enfin, le quatrième, c’est l’attention à l’opinion des gens au détriment du regard de Dieu qui seul voit clair dans le secret car Il connaît le fond des cœurs. Cette attention à l’opinion des gens conduit à vouloir attirer le regard, à multiplier l’importance accordée aux apparences : vêtements, placements, honneurs, titres…

Mais ce qui est aussi marquant dans ces lectures, c’est qu’elles ne sont pas l’expression d’une purge stalinienne où les coupables idéaux que sont les prêtres comparaîtraient devant le peuple innocent. La fin de la lecture du prophète Malachie élargit la faute des prêtres à l’ensemble du peuple : pourquoi nous trahir les uns les autres profanant ainsi l’alliance de nos pères !
Et dans l’évangile Jésus rappelle le fondement de la solidarité fraternelle. Tous frères car il n’y a qu’un seul Père.

À ce propos, nous sommes invités à ne pas tomber dans le piège d’un fondamentalisme enfantin en ce qui concerne l’utilisation des titres « père » ou « maître ». Certains fondent sur ces paroles de Jésus le refus du titre « père » donné aux prêtres et religieux. Dans ce cas, il faudrait appeler nos papas de par leur prénom et non par cette appellation affective qui serait, seule, réservée à Dieu lui-même.

A ce propos je voudrais dire un mot de la façon dont on peut m’appeler comme curé. Je ne souhaite pas qu’il y ait une uniformité sur la paroisse mais, qu’au contraire, fleurisse la liberté des enfants de Dieu. Si tous les paroissiens m’appelaient « Monsieur le curé », je pourrais être tenté par ce que dénonce Jésus dans l’évangile. De même, si tout le monde m’appelait « père Guillaume ». Mais si tout le monde m’appelait de mon prénom de baptême, nous risquerions de tomber dans une familiarité de copinage qui ne serait pas fructueuse pour la mission de prêtre et de pasteur que j’ai à vivre. Je pense notamment au sacrement du pardon : on ne va pas se confesser à un copain.

Les évangiles nous invitent plutôt à reconnaître que la seule et véritable paternité, c’est celle de Dieu ; que le vrai maître c’est Jésus-Christ. Et les exemples qui -sur la terre- illustrent la paternité unique et primordiale de Dieu comme celle de saint Paul (dans la lettre aux Thessaloniciens que nous avons lue) sont là pour nous stimuler : Ayant pour vous une telle affection, nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais jusqu’à nos propres vies, car vous nous étiez devenus très chers.
Que ces lectures et cette liturgie nous fassent grandir ensemble sur le chemin de l’humilité auquel le psaume nous appelait.

01

novembre

Toussaint 2023

Hier soir, je me suis endormi avec les paroles du psaume 4 que je venais de prier dans l’office des complies : beaucoup demandent : qui nous fera voir le bonheur ? Grande question qui accompagne l’existence de chacun de nous et l’Histoire humaine. Qui nous fera voir le bonheur ?

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Hier soir, je me suis endormi avec les paroles du psaume 4 que je venais de prier dans l’office des complies : beaucoup demandent : qui nous fera voir le bonheur ? Grande question qui accompagne l’existence de chacun de nous et l’Histoire humaine. Qui nous fera voir le bonheur ?
Le psaume continue : sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage. Ce faisant, il lie expressément le bonheur à 3 dimensions :

  • lumière
  • vision
  • visage.

Le bonheur est lumineux, il ne peut être trouvé dans ce qui est ténébreux et nocturne. Nous sommes des fils de la lumière, des fils du jour écrira saint Paul. Néanmoins notre expérience nous montre que cette lumière cohabite souvent dans nos vies, ou plutôt, se superpose aux ombres et à la noirceur. Mais elles sont profondément antagonistes : la grâce surabonde là où le péché a abondé mais cette surabondance déborde justement sur le péché, elle n’est pas son vis-à-vis.

 

Le bonheur est visible. Pour nous chrétiens, ce bonheur désigne avant tout la vision béatifique, la contemplation éternelle de la beauté toujours nouvelle de Dieu. Cette nouveauté résonne dans l’évangile des Béatitudes par le refrain qui revient en anaphore à 8 reprises : Heureux ! Pour le redécouvrir et l’approfondir, j’ai fait un petit exercice que je vous propose. Comme les peintres de l’école clair-obscur, nous pouvons méditer ensemble sur la clarté se superposant à l’obscurité de la toile peinte en noir.
Ainsi, les béatitudes du Christ se superposeraient à d’autres trop humaines qui peuvent malheureusement résonner familièrement à nos oreilles. Cela donnerait par exemple :

 

« Heureux les riches et les satisfaits, ceux qui se suffisent à eux-mêmes, qui sont repus, car le Royaume des hommes, le pouvoir, l’argent et la gloire leur sont acquis.

Mais Jésus dit : Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

 

Heureux ceux qui rigolent sans cesse, qui se gavent de moqueries et qui refusent d’être touchés par le manque et le chagrin, ils ne dépendront de personne. Mais Jésus dit : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

 

Heureux les durs, les violents, car ils conquerront la terre, ils dépouilleront les autres de leur patrimoine. Mais Jésus dit : Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

 

Heureux ceux qui n’ouvriront pas les yeux sur l’injustice, ils ne seront pas dérangés dans leur confort, ils ne risqueront pas les blessures du combat pour la justice. Mais Jésus dit : Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

 

Heureux les rancuniers, ceux qui entretiennent un esprit de vengeance et qui refusent le pardon, car personne ne pardonne y compris Dieu lui-même. Mais Jésus dit : Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

 

Heureux ceux qui ont un cœur partagé et souillé par le vice et la convoitise, car ils déshabilleront du regard ceux qu’ils rencontrent et il se laisseront menés par leurs fantasmes. Mais Jésus dit : Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

 

Heureux ceux qui participent à construire ou entretenir des logiques de conflit et de guerre, car ils seront vraiment humains. En effet, la guerre est le moteur de l’Histoire. Mais Jésus dit : Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

 

Heureux ceux qui hurlent avec les loups, qui refusent les droits de la défense, qui veulent punir le coupable sans le guérir, qui croient qu’avoir raison équivaut à chercher la vérité et la justice ; car alors, vous imposerez vos vues et vos opinions à tous. Mais Jésus dit : Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

 

Heureux êtes-vous si vous cachez votre identité de chrétien, si vous avez honte de votre baptême, de votre prière, de votre foi ! Heureux êtes-vous si vous n’avez pas le cuir épais pour endiguer les rumeurs et les conversations par derrière qui sont la marque des forts et des courageux. Réjouissez-vous car la lâcheté et la traîtrise domineront alors sur la terre. Mais Jésus dit : Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

 

Pour vaincre ces béatitudes des ténèbres, il nous faut simplement et fidèlement regarder, scruter, contempler le visage du Christ. Alors, comme les saints, nous goûterons la joie un jour d’être accueillis dans la lumière de Ton visage, ô Père Saint.


Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! 
»

17

septembre

Messe de rentrée 17/09/23

Pardonner, c’est la chose la plus difficile ! Quand nous avons été blessés dans notre amour propre, quand quelqu’un nous a fait du mal ou a fait du mal à l’un de nos proches, quand nous avons été atteints dans un bien auquel nous tenions,  » passer I ‘éponge « , comme on dit, est souvent impossible…

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Pardonner, c’est la chose la plus difficile ! Quand nous avons été blessés dans notre amour propre, quand quelqu’un nous a fait du mal ou a fait du mal à l’un de nos proches, quand nous avons été atteints dans un bien auquel nous tenions,  » passer I ‘éponge « , comme on dit, est souvent impossible.

Et c’est ce que pense notre ami Pierre. ‘ Combien de fois dois-je pardonner ? Jusqu’à 7 fois ? ‘ Sept, dans l’univers symbolique juif, c’est le chiffre parfait et puis, si Pierre souhaite savoir jusqu’où il faut pardonner, c’est parce que, pour un juif du temps de Jésus, dans le domaine de la foi, il faut tout codifier, tout organiser : le respect de Dieu se manifeste dans le respect strict de codes et de normes et Pierre veut une norme. Alors Jésus répond par un trait d’humour :  » jusqu’à 70 fois 7 fois « , autant dire toujours. Et comme les disciples sont comme nous et qu’ils ne croient pas possible de toujours tout pardonner, Jésus raconte une histoire ou plutôt un drame… Celui du serviteur gracié et impitoyable.

Dans ce drame, tout est volontairement exagéré :

D’abord les deux sommes apparaissent disproportionnées ; dix-mille talents, 60 millions de pièces d’argent, c’est une somme énorme qui représente des milliers d’années de salaire pour un journalier agricole au temps de Jésus ! c’est une dette impossible à payer. Et en face, nous avons une somme modique : cent deniers, l’équivalent de deux ou trois mois de salaire pour un journalier agricole.

Surprenante est aussi la bonté du roi : son serviteur ne demandait qu’un moratoire, le temps de combler le trou par une bonne gestion, ce qu’il n’aurait d’ailleurs jamais pu réaliser vu l’énormité de la dette. Le roi, d’un coup, la lui remet toute entière.

En contraste avec cette grandeur d’âme du roi, la dureté du serviteur n’est que plus révoltante et sordide : en sortant du palais, il prend à la gorge son compagnon : « rembourse ta dette » et il le fait jeter en prison.

Chacun des auditeurs de Jésus reçoit de plein fouet la question du roi dans la parabole : »Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?  » Et ce matin, nous entendons le Christ Sauveur dire à chacun de nous : « Toi qui si souvent as été pardonné, que fais-tu du pardon dans ta vie quotidienne ? ‘t

Toute notre vie, frères et sœurs, se déroule sous le regard et le pardon de Dieu. Notre baptême déjà nous a plongés dans sa miséricorde. Dieu notre Père pardonne les fredaines de l’enfant, les faux-pas et les impatiences du jeune. Il pardonne encore, sans se lasser, les chutes plus lourdes de l’adulte, quand les rancœurs, les jalousies, les trahisons, l’égoïsme viennent déchirer les cœurs, les foyers, les familles et les communautés. Il pardonne, enfin, au soir de la vie, tout ce qui l’a empêchée d’être vraiment donnée et de porter du fruit…

En réponse à cette miséricorde surabondante et qui jamais ne s’épuise, cette miséricorde qui a la capacité de nous ouvrir, chaque jour, au meilleur de nous-mêmes, alors que nous pourrions désespérer de nous, Jésus attend, non pas un pardon, ni sept, mais quatre-cent quatre-vingt-dix pardons, autrement dit le pardon au quotidien, le pardon sans calcul, le pardon sans limite. Chaque jour, envers tel ou tel membre de notre famille ou de notre entourage, il nous faut reprendre et emprunter le sentier étroit du pardon.

L’autre ne se soucie que de lui, ne nous voit pas, suit son idée, son projet sans tenir aucun compte que je suis là. Jésus nous dit : »Pardonne. Comprends et pardonne ./ » L’autre nous a

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déçus ; il a trompé notre confiance ; il a blessé notre amour. Jésus nous dit : »Pardonne. Pardonne et reprends la route ! »

Et nous, très souvent, de nous révolter : »Seigneur, il ne mérite pas mon pardon ./’t C’est vrai. Mais nous-mêmes, avons-nous jamais mérité le pardon de Dieu ? Souvent l’envie nous prend de saisir l’autre au collet : »Rends-moi ce que tu me dois ! Rends-moi ce que j’ai fait pour toi ! Rends-moi cette vie que je t’ai donnée, cette fidélité que je t’ai gardée

Mais Jésus nous demande de desserrer les mains, d’ouvrir de nouveau notre cœur, de laisser tomber toute colère. Jésus nous appelle à nous retourner humblement vers Dieu qui nous supporte, vers Dieu qui nous laisse vivre, vers Dieu qui nous fait vivre parce qu’il nous aime :  » Sois patient envers moi, Seigneur, etje te rembourserai tout « .

En fait nous ne rembourserons rien du tout. Car on ne rembourse pas Dieu, et il n’a que faire de nos comptes.

Alors, frères et sœurs, en cette rentrée, sans doute que le Seigneur vous appelle à placer votre année sous le signe de la miséricorde ! Miséricorde entre vous pour que grandisse la fraternité et que soit crédible votre foi en ce Dieu qui « pardonne toutes les offenses et guérit toute maladie. Qui réclame notre vie à la tombe et la couronne d’amour et de tendresse », Miséricorde pour toutes celles et ceux, petits et grands, qui frappent à la porte de votre paroisse pour cheminer un moment avec vous : les enfants et les jeunes du catéchisme et de l’aumônerie et qui sont là dans les écoles, les jeunes couples qui demandent à se marier, les catéchumènes, les familles dans le deuil et tant d’autres qui frappent à la porte pour être écoutés, consolés, rassurés… Dieu vous les confie pour que vous leur témoigniez de son amour surabondant et inépuisable et que vous puissiez leur dire et leur faire croire que « Dieu n ‘est pas pour toujours en procès, qu ‘il ne maintient pas sans fin ses reproches, qu’ ‘il n’agit pas envers nous selon nos fautes et ne nous rend pas selon nos offenses. »

Le pape François, dans sa fameuse exhortation « La joie de l’Evangile » insiste avec assurance pour que nous ne nous découragions jamais de nous tourner vers Dieu. Il écrit : « Dieu ne se fatigue jamais de pardonner, c ‘est nous qui nous fatiguons de demander pardon. »

Frères et sœurs, cette dette remise et assumée par ce Père de tendresse manifeste et révèle sa passion pour nous, pour chacune et chacun de votre communauté paroissiale, pour chacune et chacun qui, au cours de l’année, auront à la fréquenter. Nous aurons toujours le cœur de Dieu pour nous accueillir qui que nous soyons, quoique nous fassions. N’oublions pas que ce cœur ne cessera jamais de battre pour nous, là est notre espérance. Puissiez-vous, ici à St-Pierre-St Etienne sur Erdre, en vivre et en témoigner tout au long de l’année.

03

septembre

Messe du dimanche 03/09/23

Pourquoi l’image d’un Jésus tout doux, tout bon, qui ne se fâche jamais, qui excuse tout au point de ne pas faire de différence entre des comportements bons et d’autres mauvais perdure-t-elle toujours, y compris chez des chrétiens ?

Si tel était Jésus, il ne parlerait pas de la sorte à Pierre : « passe derrière moi, Satan. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. »

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Pourquoi l’image d’un Jésus tout doux, tout bon, qui ne se fâche jamais, qui excuse tout au point de ne pas faire de différence entre des comportements bons et d’autres mauvais perdure-t-elle toujours, y compris chez des chrétiens ?

 

Si tel était Jésus, il ne parlerait pas de la sorte à Pierre : « passe derrière moi, Satan. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. »

 

Il n’y aurait pas chez ceux qui ont cherché et désiré Dieu tout au long de l’Histoire des crises comme celle que traverse Jérémie. Celle-ci survient après qu’il ait été rejeté par ses compatriotes pour avoir parlé ainsi :

Jr 7, 3 Rendez meilleurs vos chemins et vos actes : je vous ferai demeurer dans ce lieu.

04 Ne faites pas confiance à des paroles de mensonge, en disant : « Temple du Seigneur ! Temple du Seigneur ! C’est ici le temple du Seigneur ! »

05 Si vraiment vous rendez meilleurs vos chemins et vos actes, si vraiment vous maintenez le droit entre un homme et son prochain,

06 si vous n’opprimez pas l’immigré, l’orphelin ou la veuve, si vous ne versez pas, dans ce lieu, le sang de l’innocent, si vous ne suivez pas, pour votre malheur, d’autres dieux,

07 alors, je vous ferai demeurer dans ce lieu, dans le pays que j’ai donné à vos pères, depuis toujours et pour toujours.

08 Mais voici, vous faites confiance à des paroles de mensonge qui ne servent à rien.

09 Quoi ! Vous pouvez voler, tuer, commettre l’adultère, faire des faux serments, brûler de l’encens pour le dieu Baal, suivre d’autres dieux que vous ne connaissez pas ;

10 et ensuite, dans cette Maison sur laquelle mon nom est invoqué, vous pouvez vous présenter devant moi, en disant : « Nous sommes sauvés » ; et vous faites toutes ces abominations !

 

Il n’aurait pas cette exigence folle de porter sa croix pour le suivre. Il se ferait un ton mielleux pour adresser des paroles suaves et douces à entendre comme un bon gourou.

 

Pourquoi donc Jésus est-Il si dur avec Pierre quand celui-ci veut bannir la souffrance et la croix de la vie du Messie et donc de Ses disciples que nous sommes ?

Parce qu’Il nous aime !

C’est ce que nous explique dans un très beau texte pour les éducateurs saint Augustin :

« Ne crois pas que tu aimes ton fils, quand tu ne lui apprends pas la discipline ; que tu aimes ton voisin, quand tu ne le reprends pas ; ce n’est pas de l’amour, c’est de la tiédeur.

 

L’amour doit être ardent à réformer, à corriger. Si les autres agissent bien, réjouis-toi ; mais s’ils agissent mal, il faut corriger, améliorer.

 

Ce que tu dois aimer dans l’homme, ce n’est pas l’erreur, c’est l’homme. Car l’homme est l’œuvre de Dieu, l’erreur est l’œuvre de l’homme.

En aimant l’œuvre de Dieu, tu effaces l’erreur ; tu aimes la première, et ainsi tu corriges l’autre. Mais, même s’il t’arrive d’user de rigueur, que ce soit dans le souci de faire grandir. »

St Augustin

30

mars

Samedi 30 mars - Veillée Pascale

De nombreuses discussions ces dernières semaines ont été habitées par des questions et des doutes exprimés sur la foi et la situation du monde.
En écoutant ces personnes, je me retrouvais quasiment au sein du livre de l’Exode. Le peuple des Hébreux y est décrit comme ployant sous le fardeau de l’esclavage, de la violence de ses garde-chiourmes, à tel point qu’il est prêt à refuser l’espérance que veut allumer en lui Moïse de la part du Seigneur. Le découragement ronge son âme. Ce découragement se rencontre souvent aujourd’hui.

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De nombreuses discussions ces dernières semaines ont été habitées par des questions et des doutes exprimés sur la foi et la situation du monde.
En écoutant ces personnes, je me retrouvais quasiment au sein du livre de l’Exode. Le peuple des Hébreux y est décrit comme ployant sous le fardeau de l’esclavage, de la violence de ses garde-chiourmes, à tel point qu’il est prêt à refuser l’espérance que veut allumer en lui Moïse de la part du Seigneur. Le découragement ronge son âme. Ce découragement se rencontre souvent aujourd’hui. L’air ambiant que nous respirons spirituellement est pollué par un traitement de l’information obnubilée par la vitesse et le sensationnel qui doivent toujours plus nous accrocher aux réseaux. Cela ne concerne pas que les médias. Nous-mêmes succombons aux discussions sans fin sur WhatsApp, Insta ou X au détriment du calme et de la recherche de la paix. La course à la technologie, manifestée plus clairement par l’irruption violente et impressionnante de l’intelligence artificielle, s’impose à nous comme notre nouveau Pharaon, car comme on dit : « de toutes façons, on doit bien faire avec, car on ne peut pas faire autrement. »
Et quand cette course véhicule et nourrit l’hydre guerrière, alors nous pouvons nous retrouver dans la peau des Hébreux, adossés à la mer des joncs, pressés par les chars de Pharaon ; notre avenir semble être un cul-de-sac. Et alors, nous crions, nous nous plaignons que Dieu n’écoute pas nos prières, qu’Il ne répond pas à nos demandes, qu’Il ne satisfait pas nos envies.

En ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse : « Pourquoi crier vers moi ? Ordonne aux fils d’Israël de se mettre en route ! Toi, lève ton bâton, étends le bras sur la mer, fends-la en deux, et que les fils d’Israël entrent au milieu de la mer à pied sec.»

Cette réponse divine, je la comprends aujourd’hui comme un appel. Il y a un temps pour crier, mais celui-ci est passé. Il faut maintenant se mettre en route à la suite du pasteur qu’est Moïse. Un acte de foi lui est demandé, pour que le Salut advienne. Le geste qu’il doit faire est d’abord anodin : lever son bâton, étendre le bras sur la mer, mais ensuite un ordre lui est donné, impossible naturellement à réaliser. La foi commence toujours par des actes simples : se lever, aller à l’église, commencer à prier, sourire à une personne, rendre un service, partager, mais à un moment Dieu commande quelque chose d’impossible, et Il le fait comme si c’était naturel ! La conversion se réalise dans le fait de fendre la mer, de marcher à pied sec au milieu d’elle.
La mer, nous le savons bien, représente la mort dans la pensée biblique. Pas seulement la mort biologique mais aussi la mort de la vie intérieure. Cette mort si bien esquissée par le prophète Isaïe :

Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?

Combien actuelle est cette question ! Il n’y a jamais eu autant d’argent sur terre, la croissance des dépenses ne cesse de croître, le coût des publicités qui n’ont pour seule ambition que de nous pousser à consommer est toujours en hausse et pourtant, le découragement, la lassitude, la peur, la rancœur, la déception et le vide se lisent sur tant de visages.
Ce soir, à la lumière des cierges, nous sommes invités à rayonner, ou plutôt à refléter, comme la lune, la lumière de Quelqu’un d’autre, la joie d’un Dieu fait homme qui veut nous nourrir, nous rassasier. C’est pour cela qu’Il se donne en nourriture dans Sa parole et Son Pain de Vie. Cette nourriture rassasie notre foi, notre espérance, notre charité. Elle est un pain dont la farine a été broyée par la pierre du tombeau. En roulant lors de la résurrection, celle-ci a fait œuvre de meule et a métamorphosé le grain du crucifié en farine de vie éternelle.

« Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? »
La question des femmes est toujours d’actualité. Il ne s’agit plus tant pour nous de nous demander qui nous roulera la pierre du tombeau de Jésus mort, car il n’y en a plus et que les siècles ont accumulé au-dessus de la pierre tombale différents monuments en l’honneur du Christ. Pour nous, il s’agit de l’entrée du tombeau du ressuscité. Qui va nous dégager cette pierre qui aujourd’hui obstrue notre foi, nous fait douter de la résurrection de Jésus ?
Ce qui est difficile à accueillir avec la résurrection de Jésus, c’est qu’un événement radicalement nouveau, essentiellement autre, est intervenu dans l’Histoire qui a, malgré cet événement, continué son cours et un cours qui nous paraît normal. Pourtant, il faut bien l’avouer, nous ne pouvons savoir ce que la présence toujours actuelle de Jésus vivant au milieu de nous change si l’on se penche sur la face externe de l’Histoire. Bien sûr, il est possible de prendre en compte la trace de l’Église et d’identifier tout ce qu’elle a apporté au monde, l’égalité hommes-femmes, par exemple malgré des déviations variées au fil du temps et des lieux ; tout ce qu’elle a fécondé, comme la séparation entre les pouvoirs temporel et spirituel.
Il est encore plus marquant de constater l’impact des saints et des saintes sur la vie de millions d’hommes et de femmes qui les ont choisis comme modèle ou point de référence de leur vie. Mais tout cela peut être et est combattu par les adversaires de la foi qui, se focalisant sur l’abîme du Mal continuellement à l’œuvre nous font douter du Salut déjà donné par la Résurrection.
A cela, votre baptême apporte une réponse qui porte une pierre de construction. Il signifie que le Christ est toujours vivant, qu’Il parle toujours à nos contemporains et que les vieux baptisés ont un trésor en eux que leurs routines ou leurs péchés ne doivent pas ternir. Votre baptême signifie que, dans une histoire personnelle, la résurrection de Jésus de Nazareth le crucifié change beaucoup de choses ! Et si j’ouvre mon histoire personnelle aux autres, alors l’Évangile de la paix diffusera et infusera le monde.

17

décembre

Messe du 3ème dimanche de l’Avent 2023

Au cœur de la foi chrétienne, se trouve la réalité du Salut. L’histoire humaine visitée par la miséricorde divine peut être éclairée et apparaître ainsi comme l’Histoire du Salut où Dieu révèle Sa volonté de sauver tous les hommes de l’esclavage du péché (Ga 5, 1) et ultimement de l’esclavage de la peur de la mort (Heb 2, 15), dernière ennemie qui sera vaincue à la fin des temps 1Co 15, 26).

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Au cœur de la foi chrétienne, se trouve la réalité du Salut. L’histoire humaine visitée par la miséricorde divine peut être éclairée et apparaître ainsi comme l’Histoire du Salut où Dieu révèle Sa volonté de sauver tous les hommes de l’esclavage du péché (Ga 5, 1) et ultimement de l’esclavage de la peur de la mort (Heb 2, 15), dernière ennemie qui sera vaincue à la fin des temps 1Co 15, 26).

Ce Salut se présente comme un avenir que Dieu ouvre aux hommes. Toute notre vie est en relation avec Dieu qui en est la source et la fin. L’image d’un fleuve qui s’étend de sa source à son estuaire où il se jette dans l’océan peut nous éclairer. Ce fleuve est celui de l’amour de Dieu qui s’écoule. Le péché est ce qui freine, fait obstacle ou arrête cet écoulement d’amour ; il amoindrit ou fait disparaître cette qualité de Vie que le Christ veut nous communiquer : Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance (Jn 10, 10).

Cette qualité de Vie se manifeste étonnamment dans la manière qu’a Jésus d’aller à la rencontre des pécheurs et dans Sa joie quand ceux-ci se convertissent. Le regard qu’Il pose sur eux leur rappelle qu’ils ont du prix aux yeux du Seigneur (Is 43, 1). Ce regard et Son attitude font souvent naître une grande joie chez ceux qui accueillent la Bonne Nouvelle du Salut comme Zachée (Lc 19).

Ceux-ci vivent alors une expérience qui peut se présenter comme une ascension par quatre voies différentes : la conversion, la pénitence, le pardon et la réconciliation.

Cette ascension (au double sens du mot), l’Église en est la servante, Elle qui est tout à la fois sainte et appelée à se purifier. Elle doit poursuivre, dit le rituel, constamment son effort de pénitence et de renouvellement. C’est ainsi qu’elle témoigne de la sainteté de Dieu à l’œuvre dans le cœur du monde. Dès lors, l’appel à la conversion du Christ qu’elle répercute n’est pas seulement valable pour les hommes de ce monde marqué par l’injustice, mais aussi pour elle-même.

Le péché est une offense à Dieu, qui brise l’amitié avec lui ; la pénitence « vise finalement à ce que nous aimions Dieu et mettions absolument notre confiance en lui » (Paul VI). La solidarité qui unit les hommes entre eux le fait tant au niveau du péché que du celui de la réconciliation. Le péché des uns blesse les autres, la sainteté des uns profite aux autres. La réconciliation obtenue produit des fruits de justice et de paix avec nos frères et sœurs et aussi avec nous-mêmes.

Sacrement de la conversion, de la pénitence, du pardon et de la réconciliation. Les quatre termes sont importants à coordonner ensemble au risque de réduire ou dévier la réalité riche de ce sacrement. Richesse qui vient de la miséricorde de Dieu qui se manifeste par la victoire de la grâce sur le péché : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5, 15).

Cette richesse se dévoile tout d’abord dans le fait important que le pardon de Dieu ne se limite pas à la dimension sacramentelle. L’Église l’exprime par sa vie et le célèbre dans sa liturgie. Est-il besoin de rappeler la place de la prière et des œuvres pour demander et obtenir le pardon ?

Les appels de l’Évangile à la pénitence et au pardon sont multiples et variés :

  • Les psaumes de pénitence et les multiples prières de confession des péchés qui parcourent la Bible, spécialement dans les livres tardifs de l’Ancien Testament sont là pour nous le rappeler. Sans doute, nous, pasteurs, pourrions-nous mieux faire connaître ces prières qui font passer de l’amertume amère à la paix (Is 38, 17). Elles sont signe de l’espérance en l’avenir que Dieu nous ouvre, par-delà nos ruptures et nos affrontements.
  • L’aumône Tb 12.09 L’aumône délivre de la mort et purifie de tout péché. Ceux qui font l’aumône seront rassasiés de vie. Le jubilé de la miséricorde nous a rappelé que les œuvres de miséricorde (entraide, partage, tout effort pour sortir de son égoïsme) contribuent au pardon des péchés.
  • Le pardon mutuel donné quotidiennement (77 fois sept fois, soit casser le cycle de la violence infernale inaugurée par Lamek (Gn 4, 23-24).
  • Le refus de l’injustice et de la lutte pour une plus grande justice dans nos rapports interpersonnels et sociaux.
  • L’engagement apostolique qui suppose l’esprit de service et de don de soi.

Ces chemins personnels sont aussi ceux de l’Église sur son chemin de sanctification et de justification. C’est l’église, comme corps, qui est provoqué à changer de visage et de comportement, dans un certain nombre de situations où sont en cause les comportements collectifs des chrétiens. L’Église en effet n’échappe pas à la lourdeur qui marque les réactions des groupes sociaux humains : réaction de repli sur soi, réaction d’exclusion des faibles et des marginaux. Or l’appel de l’évangile est contredit chaque fois que l’on se ferme aux pauvres, aux délaissés.

Ensuite, d’un point de vue sacramentel, quatre sacrements donnent le pardon du Seigneur. Le baptême, évidemment, bain de la nouvelle naissance dans lequel l’homme ancien est crucifié avec le Christ pour que soit détruit ce corps de péché et que nous ne soyons plus au service du péché mais que, ressuscitant avec le Christ, nous vivions désormais pour Dieu (Rm 6, 4-10). Toute la prédication apostolique initiale est orientée vers cette finalité : obtenir le pardon des péchés en étant baptisé au nom de Jésus-Christ, manifestation de notre désir de conversion et de pénitence (Ac 2, 38 ; 3, 19. 26 ; 17, 30). Il y a aussi le sacrement des malades et, surtout, le sacrement de l’eucharistie qui est le « sacrifice qui nous réconcilie » (P. E III) pour que nous « soyons rassemblés en un seul corps par Son Esprit-Saint (P. E II). »

Il y a surtout le sacrement de pénitence par lequel nous recevons de la miséricorde de Dieu le pardon des offenses qui lui ont été faites ; nous vivons également la réconciliation avec l’Église que notre péché a blessée et qui coopère à notre conversion par la charité, l’exemple et la prière.

Sacrement du pardon, confession, sacrement de la réconciliation… nous connaissons bien toutes ces appellations. Le rituel de ce sacrement nous rappelle qu’aucun des noms qui lui est donné ne peut à lui seul le qualifier de façon adéquate.

Si je parle seulement de sacrement de la conversion j’exprime avant tout le changement radical d’orientation de toute la vie que le pénitent est invité à engager.

Si je parle de pénitence, je fais référence à l’ensemble des actes de l’homme par lesquels ce changement d’orientation s’opère et fructifie tout au long de la vie.

Si j’emploie le mot sacrement du pardon je renvoie à l’initiative de Dieu qui fait miséricorde.

Réconciliation lui désigne surtout le but, et le résultat de tout le processus : l’amitié renouée entre Dieu et l’homme.

Parler de confession ou de pénitence risque de centrer l’attention uniquement sur les efforts de l’homme et sur leurs côtés rébarbatifs. Si au contraire je parle seulement de pardon cela risque de conduire à ne voir que le don de Dieu en omettant ce qui relève de la démarche de l’homme. Enfin parler de réconciliation seulement, c’est affirmer trop vite comme une chose acquise ce qui ne se réalise qu’au terme du processus. Pour être réconcilié, il ne suffit pas que Dieu veuille pardonner le pécheur ; il ne suffit pas que le pêcheur regrette ce qu’il a fait ; il faut que pardon et repentir se rejoignent. La crise des abus sexuels et la blessure des victimes appelées parfois trop vite à pardonner nous a remis devant cette vérité et ce chemin. C’est tout l’intérêt d’une lecture canonique de l’Écriture.

19

novembre

Messe du dimanche 19/11/2023

Un homme part en voyage et donne à ses serviteurs une gérance…
Celles des talents, des dons qui embellissent nos existences.
Mais son départ fait naître en eux un sentiment d’absence.
Avec Dieu qui habite le silence quelle ressemblance !

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Un homme part en voyage et donne à ses serviteurs une gérance…
Celles des talents, des dons qui embellissent nos existences.
Mais son départ fait naître en eux un sentiment d’absence.
Avec Dieu qui habite le silence quelle ressemblance !

Pourtant à ceux qui restent, aux serviteurs ou à nous-mêmes, un don est fait : celui de la confiance.
Je te donne des dons, des talents. Un, deux ou cinq ; quelle importance ?
Ce qui importe c’est de les faire croître en abondance.

Toi qui m’écoutes sois sûr qu’il n’y a pas de coïncidence !
Si tu es là, c’est par un coup de la providence !
Le soir, le matin ou même la nuit une question t’est posée avec insistance :
Ton ou tes talents, saurais-tu en faire la connaissance ?
Pas d’orgueil à les repérer, à les compter mais bien plutôt une démarche de reconnaissance…

Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? (1Co 4, 7) Saint Paul nous remet devant cette évidence.
Si tu crois que c’est toi qui te les as donnés, quelle impudence !
Non, ils te les sont donnés pour que tu les partages sans fausse prudence, pour qu’ils fructifient en abondance…

Mais si ton regard, ton cœur se laissent habiter par la défiance
Si l’envie, la jalousie viennent en toi faire leur résidence,
Pauvre de toi ! Tu seras jugé par une terrible instance,
Notre plus grand ennemi : la méfiance.

11

novembre

Messe du dimanche 11/11/2023

Pour changer tout ça
Changer le monde
Changer les choses
Avec des bouquets de roses
Changer les femmes
Changer les hommes
Avec des géraniums

Vous avez reconnu sans doute les paroles d’une chanson de Laurent VOULZY des années 1990.

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Je m’souviens, on avait
Des projets pour la Terre
Pour les Hommes comme la Nature
Faire tomber les barrières, les murs
Les vieux parapets d’Arthur

Fallait voir
Imagine notre espoir
On laissait nos cœurs
Au pouvoir des cœurs
Jasmin, Lilas
C’était nos divisions, nos soldats

Pour changer tout ça
Changer le monde
Changer les choses
Avec des bouquets de roses
Changer les femmes
Changer les hommes
Avec des géraniums

Vous avez reconnu sans doute les paroles d’une chanson de Laurent VOULZY des années 1990. Avec une touchante naïveté, aux yeux de notre époque, il évoquait le pouvoir mystérieux des fleurs. Eh bien, je voudrais vous inviter à contempler le bouquet devant l’autel.

En haut, des fleurs sombres qui constituent l’horizon et l’arrière-fond de la toile du bouquet en quelque sorte. Image du chaos, des ténèbres qui nous entourent de plus en plus.
En bas, un parterre de fleurs rouges qui symbolise le sang versé par toutes les victimes des guerres d’hier et d’aujourd’hui…
Au cœur et par-dessus, des fleurs blanches, symbole de paix et d’espérance, la pureté des vies données jour après jour…

Pour redécouvrir et approfondir ce pouvoir des fleurs aujourd’hui, j’ai fait un petit exercice que je vous propose. Comme les peintres de l’école clair-obscur, nous pouvons méditer ensemble sur la clarté se superposant à l’obscurité de la toile peinte en noir comme ces fleurs blanches passant devant celles qui sont sombres.
Ainsi, les béatitudes du Christ entendues dans l’Evangile se superposeraient à d’autres trop humaines qui peuvent malheureusement résonner familièrement à nos oreilles.

Cela donnerait par exemple :

Heureux les riches et les satisfaits, ceux qui se suffisent à eux-mêmes, qui sont repus, car le Royaume des hommes, le pouvoir, l’argent et la gloire leur sont acquis.
Mais Jésus dit : Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux ceux qui rigolent sans cesse, qui se gavent de moqueries et qui refusent d’être touchés par le manque et le chagrin, ils ne dépendront de personne.
Mais Jésus dit : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

Heureux les durs, les violents, car ils conquerront la terre, ils dépouilleront les autres de leur patrimoine.
Mais Jésus dit : Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux ceux qui n’ouvriront pas les yeux sur l’injustice, ils ne seront pas dérangés dans leur confort, ils ne risqueront pas les blessures du combat pour la justice.
Mais Jésus dit : Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les rancuniers, ceux qui entretiennent un esprit de vengeance et qui refusent le pardon, car personne ne pardonne y compris Dieu lui-même.
Mais Jésus dit : Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux ceux qui ont un cœur partagé et souillé par le vice et la convoitise, car ils déshabilleront du regard ceux qu’ils rencontrent et il se laisseront menés par leurs fantasmes.
Mais Jésus dit : Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux ceux qui participent à construire ou entretenir des logiques de conflit et de guerre, car ils seront vraiment humains. En effet, la guerre est le moteur de l’Histoire.
Mais Jésus dit : Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui hurlent avec les loups, qui refusent les droits de la défense, qui veulent punir le coupable sans le guérir, qui croient qu’avoir raison équivaut à chercher la vérité et la justice ; car alors, vous imposerez vos vues et vos opinions à tous.
Mais Jésus dit : Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si vous cachez votre identité de chrétien, si vous avez honte de votre baptême, de votre prière, de votre foi !
Heureux êtes-vous si vous n’avez pas le cuir épais pour endiguer les rumeurs et les conversations par derrière qui sont la marque des forts et des courageux.
Réjouissez-vous car la lâcheté et la traîtrise domineront alors sur la terre.
Mais Jésus dit : Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Pour vaincre ces béatitudes des ténèbres, il nous faut simplement et fidèlement regarder, scruter, contempler le visage du Christ.
Alors, comme les saints, nous goûterons la joie un jour d’être accueillis dans la lumière de Ton visage, ô Père Saint.

05

novembre

Messe du dimanche 05/11/23

Chers amis frères et sœurs, aimez-vous vous faire engueuler ?
Et aimez-vous avoir l’impression de vous faire engueuler à l’église ?
C’est quelque chose qui arrive parfois notamment après une homélie jugée moralisante. Je suppose votre réponse négative. La mienne est identique.

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Chers amis frères et sœurs, aimez-vous vous faire engueuler ?
Et aimez-vous avoir l’impression de vous faire engueuler à l’église ?
C’est quelque chose qui arrive parfois notamment après une homélie jugée moralisante. Je suppose votre réponse négative. La mienne est identique.

Aussi n’est-il pas facile pour le prêtre que je suis de commenter ces passages des Saintes Ecritures par lesquels Dieu nous parle aujourd’hui. En effet, après que la première lecture et l’évangile ont confirmé l’autorité de l’enseignement des prêtres, des pharisiens et des scribes, le prophète Malachie et l’évangile sont rudes. Qu’est-ce qu’on prend !
Ainsi, Malachie que je cite : si vous n’écoutez pas, si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon nom, j’enverrai sur vous la malédiction, je maudirai les bénédictions que vous prononcerez…
Et dans l’évangile, Jésus critique ouvertement les travers des scribes et des pharisiens. Quand on a reçu la charge d’enseigner la parole de Dieu par l’ordination, ces paroles sont un puissant appel à l’humilité. Car elles mettent à nu toutes nos faiblesses et imperfection que vous connaissez…

Aussi, pour votre patience et votre miséricorde envers les limites, les erreurs, les pauvretés et même les péchés de vos pasteurs, je souhaiterais sincèrement vous remercier. Je désire également demander votre aide. Sans votre soutien, qui peut passer par la collection fraternelle, même virile (virile mais toujours mais correcte !), nous ne pouvons pas avancer sur le chemin de la sainteté.

Dans l’épître aux Hébreux (12, 7-13), nous trouvons un passage éclairant pour les lectures de ce jour : quand on vient de recevoir une leçon on éprouve pas de la joie mais plutôt de la tristesse. Mais, plus tard, quand on s’est repris grâce à la leçon, celle-ci produit un fruit de paix et de justice. Eh bien que la leçon reçue aujourd’hui soit fructueuse pour moi et mes confrères !

Mais quelle est cette leçon ?
Dieu nous adresse des reproches :

  1. Le premier, c’est la tiédeur de notre foi : si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon mot.
  2. Le deuxième, c’est l’infidélité à notre mission quand nous transformons la loi de pédagogue en occasion de chute. La loi est en effet pédagogue, c’est-à-dire un chemin de croissance balisé par des interdits comme des bornes marquant les dangers des crevasses ou des garde-fous. L’inter-dit c’est ce qui est dit entre nous. L’interdit -souvent exprimé par la négation- suscite en fait davantage de liberté que l’affirmation. En effet, quand je dis : « ne va pas à droite », cela me laisse libre d’aller à gauche, devant, derrière, au-dessus ou au-dessous. Alors que lorsque je dis : « va à droite », je n’ai qu’un seul choix. La loi est donc un pédagogue qui me fait avancer sur le chemin en me faisant éviter les dangers. Mais, parfois, nous la trahissons en la transformant en occasion de chutes par le découragement. « C’est trop haut, trop dur, trop exigeant… » Dans l’évangile, « occasion de chute » exprime le mot scandale qui -littéralement- peut être traduit par « trébucher sur une pierre. »
    Si je file la métaphore de la pierre, je peux voir la loi divine être malheureusement assimilée à un énorme rocher lourd, pesant sur nos épaules et nous grevant d’un poids de culpabilité. Ou alors à des pierres que l’on jette à la tête du prochain pour le lapider moralement…
    Or, la pierre qui est la parole de Dieu, qui est la loi divine, n’est rien de tout cela. Elle est plutôt une dalle solide sur laquelle nous pouvons nous appuyer et avancer.
  3. Le troisième reproche, c’est l’application partiale de la loi avec des décisions motivées par des préférences humaines…
  4. Enfin, le quatrième, c’est l’attention à l’opinion des gens au détriment du regard de Dieu qui seul voit clair dans le secret car Il connaît le fond des cœurs. Cette attention à l’opinion des gens conduit à vouloir attirer le regard, à multiplier l’importance accordée aux apparences : vêtements, placements, honneurs, titres…

Mais ce qui est aussi marquant dans ces lectures, c’est qu’elles ne sont pas l’expression d’une purge stalinienne où les coupables idéaux que sont les prêtres comparaîtraient devant le peuple innocent. La fin de la lecture du prophète Malachie élargit la faute des prêtres à l’ensemble du peuple : pourquoi nous trahir les uns les autres profanant ainsi l’alliance de nos pères !
Et dans l’évangile Jésus rappelle le fondement de la solidarité fraternelle. Tous frères car il n’y a qu’un seul Père.

À ce propos, nous sommes invités à ne pas tomber dans le piège d’un fondamentalisme enfantin en ce qui concerne l’utilisation des titres « père » ou « maître ». Certains fondent sur ces paroles de Jésus le refus du titre « père » donné aux prêtres et religieux. Dans ce cas, il faudrait appeler nos papas de par leur prénom et non par cette appellation affective qui serait, seule, réservée à Dieu lui-même.

A ce propos je voudrais dire un mot de la façon dont on peut m’appeler comme curé. Je ne souhaite pas qu’il y ait une uniformité sur la paroisse mais, qu’au contraire, fleurisse la liberté des enfants de Dieu. Si tous les paroissiens m’appelaient « Monsieur le curé », je pourrais être tenté par ce que dénonce Jésus dans l’évangile. De même, si tout le monde m’appelait « père Guillaume ». Mais si tout le monde m’appelait de mon prénom de baptême, nous risquerions de tomber dans une familiarité de copinage qui ne serait pas fructueuse pour la mission de prêtre et de pasteur que j’ai à vivre. Je pense notamment au sacrement du pardon : on ne va pas se confesser à un copain.

Les évangiles nous invitent plutôt à reconnaître que la seule et véritable paternité, c’est celle de Dieu ; que le vrai maître c’est Jésus-Christ. Et les exemples qui -sur la terre- illustrent la paternité unique et primordiale de Dieu comme celle de saint Paul (dans la lettre aux Thessaloniciens que nous avons lue) sont là pour nous stimuler : Ayant pour vous une telle affection, nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais jusqu’à nos propres vies, car vous nous étiez devenus très chers.
Que ces lectures et cette liturgie nous fassent grandir ensemble sur le chemin de l’humilité auquel le psaume nous appelait.

01

novembre

Toussaint

Hier soir, je me suis endormi avec les paroles du psaume 4 que je venais de prier dans l’office des complies : beaucoup demandent : qui nous fera voir le bonheur ? Grande question qui accompagne l’existence de chacun de nous et l’Histoire humaine. Qui nous fera voir le bonheur ?

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Hier soir, je me suis endormi avec les paroles du psaume 4 que je venais de prier dans l’office des complies : beaucoup demandent : qui nous fera voir le bonheur ? Grande question qui accompagne l’existence de chacun de nous et l’Histoire humaine. Qui nous fera voir le bonheur ?
Le psaume continue : sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage. Ce faisant, il lie expressément le bonheur à 3 dimensions :

  • lumière
  • vision
  • visage.

Le bonheur est lumineux, il ne peut être trouvé dans ce qui est ténébreux et nocturne. Nous sommes des fils de la lumière, des fils du jour écrira saint Paul. Néanmoins notre expérience nous montre que cette lumière cohabite souvent dans nos vies, ou plutôt, se superpose aux ombres et à la noirceur. Mais elles sont profondément antagonistes : la grâce surabonde là où le péché a abondé mais cette surabondance déborde justement sur le péché, elle n’est pas son vis-à-vis.

Le bonheur est visible. Pour nous chrétiens, ce bonheur désigne avant tout la vision béatifique, la contemplation éternelle de la beauté toujours nouvelle de Dieu. Cette nouveauté résonne dans l’évangile des Béatitudes par le refrain qui revient en anaphore à 8 reprises : Heureux ! Pour le redécouvrir et l’approfondir, j’ai fait un petit exercice que je vous propose. Comme les peintres de l’école clair-obscur, nous pouvons méditer ensemble sur la clarté se superposant à l’obscurité de la toile peinte en noir.

Ainsi, les béatitudes du Christ se superposeraient à d’autres trop humaines qui peuvent malheureusement résonner familièrement à nos oreilles. Cela donnerait par exemple :

« Heureux les riches et les satisfaits, ceux qui se suffisent à eux-mêmes, qui sont repus, car le Royaume des hommes, le pouvoir, l’argent et la gloire leur sont acquis.

Mais Jésus dit : Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux ceux qui rigolent sans cesse, qui se gavent de moqueries et qui refusent d’être touchés par le manque et le chagrin, ils ne dépendront de personne. Mais Jésus dit : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

Heureux les durs, les violents, car ils conquerront la terre, ils dépouilleront les autres de leur patrimoine. Mais Jésus dit : Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux ceux qui n’ouvriront pas les yeux sur l’injustice, ils ne seront pas dérangés dans leur confort, ils ne risqueront pas les blessures du combat pour la justice. Mais Jésus dit : Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les rancuniers, ceux qui entretiennent un esprit de vengeance et qui refusent le pardon, car personne ne pardonne y compris Dieu lui-même. Mais Jésus dit : Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux ceux qui ont un cœur partagé et souillé par le vice et la convoitise, car ils déshabilleront du regard ceux qu’ils rencontrent et il se laisseront menés par leurs fantasmes. Mais Jésus dit : Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux ceux qui participent à construire ou entretenir des logiques de conflit et de guerre, car ils seront vraiment humains. En effet, la guerre est le moteur de l’Histoire. Mais Jésus dit : Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui hurlent avec les loups, qui refusent les droits de la défense, qui veulent punir le coupable sans le guérir, qui croient qu’avoir raison équivaut à chercher la vérité et la justice ; car alors, vous imposerez vos vues et vos opinions à tous. Mais Jésus dit : Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si vous cachez votre identité de chrétien, si vous avez honte de votre baptême, de votre prière, de votre foi ! Heureux êtes-vous si vous n’avez pas le cuir épais pour endiguer les rumeurs et les conversations par derrière qui sont la marque des forts et des courageux. Réjouissez-vous car la lâcheté et la traîtrise domineront alors sur la terre. Mais Jésus dit : Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Pour vaincre ces béatitudes des ténèbres, il nous faut simplement et fidèlement regarder, scruter, contempler le visage du Christ. Alors, comme les saints, nous goûterons la joie un jour d’être accueillis dans la lumière de Ton visage, ô Père Saint.


Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! 
»

17

septembre

Messe de rentrée 17/09/23

Pardonner, c’est la chose la plus difficile ! Quand nous avons été blessés dans notre amour propre, quand quelqu’un nous a fait du mal ou a fait du mal à l’un de nos proches, quand nous avons été atteints dans un bien auquel nous tenions,  » passer I ‘éponge « , comme on dit, est souvent impossible…

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Pardonner, c’est la chose la plus difficile ! Quand nous avons été blessés dans notre amour propre, quand quelqu’un nous a fait du mal ou a fait du mal à l’un de nos proches, quand nous avons été atteints dans un bien auquel nous tenions,  » passer I ‘éponge « , comme on dit, est souvent impossible.

Et c’est ce que pense notre ami Pierre. ‘ Combien de fois dois-je pardonner ? Jusqu’à 7 fois ? ‘ Sept, dans l’univers symbolique juif, c’est le chiffre parfait et puis, si Pierre souhaite savoir jusqu’où il faut pardonner, c’est parce que, pour un juif du temps de Jésus, dans le domaine de la foi, il faut tout codifier, tout organiser : le respect de Dieu se manifeste dans le respect strict de codes et de normes et Pierre veut une norme. Alors Jésus répond par un trait d’humour :  » jusqu’à 70 fois 7 fois « , autant dire toujours. Et comme les disciples sont comme nous et qu’ils ne croient pas possible de toujours tout pardonner, Jésus raconte une histoire ou plutôt un drame… Celui du serviteur gracié et impitoyable.

Dans ce drame, tout est volontairement exagéré :

D’abord les deux sommes apparaissent disproportionnées ; dix-mille talents, 60 millions de pièces d’argent, c’est une somme énorme qui représente des milliers d’années de salaire pour un journalier agricole au temps de Jésus ! c’est une dette impossible à payer. Et en face, nous avons une somme modique : cent deniers, l’équivalent de deux ou trois mois de salaire pour un journalier agricole.

Surprenante est aussi la bonté du roi : son serviteur ne demandait qu’un moratoire, le temps de combler le trou par une bonne gestion, ce qu’il n’aurait d’ailleurs jamais pu réaliser vu l’énormité de la dette. Le roi, d’un coup, la lui remet toute entière.

En contraste avec cette grandeur d’âme du roi, la dureté du serviteur n’est que plus révoltante et sordide : en sortant du palais, il prend à la gorge son compagnon : « rembourse ta dette » et il le fait jeter en prison.

Chacun des auditeurs de Jésus reçoit de plein fouet la question du roi dans la parabole : »Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?  » Et ce matin, nous entendons le Christ Sauveur dire à chacun de nous : « Toi qui si souvent as été pardonné, que fais-tu du pardon dans ta vie quotidienne ? ‘t

Toute notre vie, frères et sœurs, se déroule sous le regard et le pardon de Dieu. Notre baptême déjà nous a plongés dans sa miséricorde. Dieu notre Père pardonne les fredaines de l’enfant, les faux-pas et les impatiences du jeune. Il pardonne encore, sans se lasser, les chutes plus lourdes de l’adulte, quand les rancœurs, les jalousies, les trahisons, l’égoïsme viennent déchirer les cœurs, les foyers, les familles et les communautés. Il pardonne, enfin, au soir de la vie, tout ce qui l’a empêchée d’être vraiment donnée et de porter du fruit…

En réponse à cette miséricorde surabondante et qui jamais ne s’épuise, cette miséricorde qui a la capacité de nous ouvrir, chaque jour, au meilleur de nous-mêmes, alors que nous pourrions désespérer de nous, Jésus attend, non pas un pardon, ni sept, mais quatre-cent quatre-vingt-dix pardons, autrement dit le pardon au quotidien, le pardon sans calcul, le pardon sans limite. Chaque jour, envers tel ou tel membre de notre famille ou de notre entourage, il nous faut reprendre et emprunter le sentier étroit du pardon.

L’autre ne se soucie que de lui, ne nous voit pas, suit son idée, son projet sans tenir aucun compte que je suis là. Jésus nous dit : »Pardonne. Comprends et pardonne ./ » L’autre nous a

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déçus ; il a trompé notre confiance ; il a blessé notre amour. Jésus nous dit : »Pardonne. Pardonne et reprends la route ! »

Et nous, très souvent, de nous révolter : »Seigneur, il ne mérite pas mon pardon ./’t C’est vrai. Mais nous-mêmes, avons-nous jamais mérité le pardon de Dieu ? Souvent l’envie nous prend de saisir l’autre au collet : »Rends-moi ce que tu me dois ! Rends-moi ce que j’ai fait pour toi ! Rends-moi cette vie que je t’ai donnée, cette fidélité que je t’ai gardée

Mais Jésus nous demande de desserrer les mains, d’ouvrir de nouveau notre cœur, de laisser tomber toute colère. Jésus nous appelle à nous retourner humblement vers Dieu qui nous supporte, vers Dieu qui nous laisse vivre, vers Dieu qui nous fait vivre parce qu’il nous aime :  » Sois patient envers moi, Seigneur, etje te rembourserai tout « .

En fait nous ne rembourserons rien du tout. Car on ne rembourse pas Dieu, et il n’a que faire de nos comptes.

Alors, frères et sœurs, en cette rentrée, sans doute que le Seigneur vous appelle à placer votre année sous le signe de la miséricorde ! Miséricorde entre vous pour que grandisse la fraternité et que soit crédible votre foi en ce Dieu qui « pardonne toutes les offenses et guérit toute maladie. Qui réclame notre vie à la tombe et la couronne d’amour et de tendresse », Miséricorde pour toutes celles et ceux, petits et grands, qui frappent à la porte de votre paroisse pour cheminer un moment avec vous : les enfants et les jeunes du catéchisme et de l’aumônerie et qui sont là dans les écoles, les jeunes couples qui demandent à se marier, les catéchumènes, les familles dans le deuil et tant d’autres qui frappent à la porte pour être écoutés, consolés, rassurés… Dieu vous les confie pour que vous leur témoigniez de son amour surabondant et inépuisable et que vous puissiez leur dire et leur faire croire que « Dieu n ‘est pas pour toujours en procès, qu ‘il ne maintient pas sans fin ses reproches, qu’ ‘il n’agit pas envers nous selon nos fautes et ne nous rend pas selon nos offenses. »

Le pape François, dans sa fameuse exhortation « La joie de l’Evangile » insiste avec assurance pour que nous ne nous découragions jamais de nous tourner vers Dieu. Il écrit : « Dieu ne se fatigue jamais de pardonner, c ‘est nous qui nous fatiguons de demander pardon. »

Frères et sœurs, cette dette remise et assumée par ce Père de tendresse manifeste et révèle sa passion pour nous, pour chacune et chacun de votre communauté paroissiale, pour chacune et chacun qui, au cours de l’année, auront à la fréquenter. Nous aurons toujours le cœur de Dieu pour nous accueillir qui que nous soyons, quoique nous fassions. N’oublions pas que ce cœur ne cessera jamais de battre pour nous, là est notre espérance. Puissiez-vous, ici à St-Pierre-St Etienne sur Erdre, en vivre et en témoigner tout au long de l’année.

03

septembre

Messe du dimanche 03/09/23

Pourquoi l’image d’un Jésus tout doux, tout bon, qui ne se fâche jamais, qui excuse tout au point de ne pas faire de différence entre des comportements bons et d’autres mauvais perdure-t-elle toujours, y compris chez des chrétiens ?

Si tel était Jésus, il ne parlerait pas de la sorte à Pierre : « passe derrière moi, Satan. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. »

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Pourquoi l’image d’un Jésus tout doux, tout bon, qui ne se fâche jamais, qui excuse tout au point de ne pas faire de différence entre des comportements bons et d’autres mauvais perdure-t-elle toujours, y compris chez des chrétiens ?

 

Si tel était Jésus, il ne parlerait pas de la sorte à Pierre : « passe derrière moi, Satan. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. »

 

Il n’y aurait pas chez ceux qui ont cherché et désiré Dieu tout au long de l’Histoire des crises comme celle que traverse Jérémie. Celle-ci survient après qu’il ait été rejeté par ses compatriotes pour avoir parlé ainsi :

Jr 7, 3 Rendez meilleurs vos chemins et vos actes : je vous ferai demeurer dans ce lieu.

04 Ne faites pas confiance à des paroles de mensonge, en disant : « Temple du Seigneur ! Temple du Seigneur ! C’est ici le temple du Seigneur ! »

05 Si vraiment vous rendez meilleurs vos chemins et vos actes, si vraiment vous maintenez le droit entre un homme et son prochain,

06 si vous n’opprimez pas l’immigré, l’orphelin ou la veuve, si vous ne versez pas, dans ce lieu, le sang de l’innocent, si vous ne suivez pas, pour votre malheur, d’autres dieux,

07 alors, je vous ferai demeurer dans ce lieu, dans le pays que j’ai donné à vos pères, depuis toujours et pour toujours.

08 Mais voici, vous faites confiance à des paroles de mensonge qui ne servent à rien.

09 Quoi ! Vous pouvez voler, tuer, commettre l’adultère, faire des faux serments, brûler de l’encens pour le dieu Baal, suivre d’autres dieux que vous ne connaissez pas ;

10 et ensuite, dans cette Maison sur laquelle mon nom est invoqué, vous pouvez vous présenter devant moi, en disant : « Nous sommes sauvés » ; et vous faites toutes ces abominations !

 

Il n’aurait pas cette exigence folle de porter sa croix pour le suivre. Il se ferait un ton mielleux pour adresser des paroles suaves et douces à entendre comme un bon gourou.

 

Pourquoi donc Jésus est-Il si dur avec Pierre quand celui-ci veut bannir la souffrance et la croix de la vie du Messie et donc de Ses disciples que nous sommes ?

Parce qu’Il nous aime !

C’est ce que nous explique dans un très beau texte pour les éducateurs saint Augustin :

« Ne crois pas que tu aimes ton fils, quand tu ne lui apprends pas la discipline ; que tu aimes ton voisin, quand tu ne le reprends pas ; ce n’est pas de l’amour, c’est de la tiédeur.

 

L’amour doit être ardent à réformer, à corriger. Si les autres agissent bien, réjouis-toi ; mais s’ils agissent mal, il faut corriger, améliorer.

 

Ce que tu dois aimer dans l’homme, ce n’est pas l’erreur, c’est l’homme. Car l’homme est l’œuvre de Dieu, l’erreur est l’œuvre de l’homme.

En aimant l’œuvre de Dieu, tu effaces l’erreur ; tu aimes la première, et ainsi tu corriges l’autre. Mais, même s’il t’arrive d’user de rigueur, que ce soit dans le souci de faire grandir. »

St Augustin

   Adoration eucharistique – CARLO ACUTIS

Adoration eucharistique les premiers lundis du mois, 20h30 église ou oratoire de Carquefou.

Ainsi que tous les jeudis, de 9h30 jusqu’à 10h

                              

Carlo Acutis :

Un temps d’adoration est proposé à tous, adultes et enfants.
Apprendre à prier cœur à cœur avec le Christ, une fois par mois, église de Carquefou,
adultes et enfants.

Les enfants de 4 à 12 ans sont accompagnés en petits groupes pour prendre ce temps d’Adoration
pendant une durée adaptée à leur âge.

Coordination : Cécile du Chelas

Toutes les prochaines dates

  • Samedi 13 janvier : 17h à 18h
  • Samedi 10 février : 17h à 18h
  • Samedi 23 mars : 17h à 18h
  • Samedi 13 avril : 17h à 18h
  • Samedi 25 mai : 17h à 18h
  • Samedi 22 juin de 11h à 12h.

   Groupe de louange, l’Étoile du Matin

des dimanches de louange pour le premier semestre 2024

 

– 18 février 2024   Salles Béthanie +ORATOIRE

– 24 mars 2024    Salles Béthanie +ORATOIRE

– 21 avril 2024      Salles Béthanie +ORATOIRE

– 26 mai 2024       Salles Béthanie +ORATOIRE

– 23 juin 2024       Salles Béthanie +ORATOIRE

 

   Prière mariale

En mai et Octobre, le mercredi à 18H00, en alternance entre l’église de Carquefou et de Sucé sur Erdre.

Coordination :
Sucé sur Erdre : Maryvonne David
Carquefou :  Anne-Marie Panhalleux

   Prière des mères

La « Prière des Mères » soutient toutes celles qui ont un cœur de mère
et qui désirent prier ensemble pour leurs enfants, petits-enfants,
et tous les enfants du monde.

Venez-vous joindre à nous chères mamans quand vous le désirez :

A Carquefou :

• Lundi matin de 9h à 9h45 à l’église ou à l’Oratoire l’hiver.
• Mardi matin après la messe de 9h.

A Sucé-sur-Erdre :

• Lundi à 14h à l’église (hors vacances)

Coordination : Anne-Marie Panhalleux